« Broute Saint-Denis » : des moutons dans la banlieue
Bel Air nous signale cet article où l’association Clinamen remet la nature au coeur de la cité.
J’espère pour les moutons qu’ils savent distinguer entre verdure et déchets (sauf si les services propreté passent avant eux ?);)
La cité du Franc-Moisin transformée en pâturage urbain ? Vous ne rêvez pas. Une quarantaine de moutons broutent les pissenlits du « neuf trois », dans des vallées bétonnées, à l’ombre de sommets HLM. Grâce à ce troupeau de brebis, l’association Clinamen entend contribuer à renforcer les liens à l’alimentation et à la terre des habitants de ces quartiers.
Un mouton, deux moutons, quinze moutons dévalent les rues de la cité du Franc-Moisin à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Les enfants les suivent en courant, surpris de voir ces animaux domestiqués en plein cœur de la ville. On ne croise pas tous les jours du bétail dans ce quartier de l’est de la ville, ancien bidonville des années 1960 devenu grand ensemble de logements sociaux depuis les années 1970.
Les moutons broutent l’herbe des talus, les pissenlits qui se sont invités courageusement dans le béton des trottoirs, les moindres petits coins de verdure et le lierre au pied des barres d’immeubles. « Le regard porté sur la ville se développe différemment quand on se balade avec des moutons, explique Pauline Maraninchi, paysagiste de formation et membre de l’association Clinamen à qui appartient le troupeau. Grâce aux moutons, nous connaissons tous les moindres recoins du quartier et nous nous rendons compte qu’un grand nombre de personnes sont porteuses de savoir-faire paysans. »
Pâturage urbain et travail de la laine
Pauline a organisé récemment le premier atelier-laine – lavage dans le canal de Saint-Denis, cardage traditionnel, feutrage – pour renouer avec la transformation de cette matière. Le but est d’inviter la population du quartier à se remémorer des souvenirs paysans enfouis. Une habitante âgée du Franc-Moisin, qui n’a plus eu l’occasion de travailler la laine depuis qu’elle a quitté l’Algérie pour la France, a participé à l’atelier et n’a rien perdu de son savoir-faire. Elle a même trouvé le matériel de Pauline un peu désuet !
Renouer avec les pratiques paysannes, influencer les politiques d’aménagement pour garder des terres agricoles et de la verdure dans un lieu très convoité, produire sur les terrains en friche afin de montrer leur utilité, valoriser le moindre lopin de terre comme opportunité d’appropriation de son environnement… Voilà les objectifs de Clinamen et de son troupeau qui s’agrandit, puisque quarante moutons peuplent aujourd’hui les villes de Saint-Denis, Villetaneuse et Houilles.
Entretien d’espaces verts
L’aventure est née en février 2012, lorsqu’un collectif d’agents de développement territorial et de paysagistes décide de se retrouver après plusieurs expériences agricoles urbaines (Ferme du Bonheur, Téma la vache à Saint-Germain-en-Laye). Un troupeau de six moutons s’est constitué autour de l’action « Broute Saint-Denis », en août 2012, qui consistait à faire paître les moutons dans la ville. L’urgence était alors de nourrir les bêtes et de trouver un lieu sécurisé pour leur faire passer la nuit. Une première bergerie en matériaux de récupération avait alors été construite à la chaufferie du Franc-Moisin, en partenariat avec une filiale de GDF-Suez.
Une seconde bergerie avec cinq hectares de terrain a vu le jour sur le campus de l’Université Paris XIII à Villetaneuse. Enfin, la base de la Marine Nationale à Houilles accueille un autre troupeau, Clinamen ayant remporté l’appel d’offres pour l’entretien de quinze hectares d’espace vert. Avec cette nouvelle activité, l’association espère pouvoir développer la vente de viande de mouton en circuit court à partir du printemps prochain et financer le salariat d’une ou deux personnes sur ce poste. Elle entend également contribuer à renforcer les liens à l’alimentation et à la terre des habitants du quartier qui en sont aujourd’hui dépourvus.
Ainsi, si vous vous promenez au bord du canal de Saint-Denis, suivez les crottes de moutons et vous arriverez sur la Parcelle 126, un lieu d’échange et d’animation autour des pratiques paysannes, géré par Clinamen pour dynamiser le Franc-Moisin et ses alentours !
Judith Cartier http://www.bastamag.net/
Oui, j’avais vu les moutons brouter l’herbe près de la passerelle, l’autre jour. Déplacer des animaux de leur milieu naturel, j’accroche pas trop, on dirait du zoo, du cirque.
Pour les enfants, on peut lire la candeur dans leur yeux. Le plus cohérent (que de chaque fois ramener la plage ou la campagne en banlieue, dans les cités) ce serait de mettre aussi le paquet pour organiser des vraies visites dans des vraies fermes pour les enfants au moins. J’entends bien l’initiative champêtre et bucolique de cette association mais là, ce serait plutôt un bon échange.
» Grâce aux moutons, nous connaissons tous les moindres recoins du quartier »… Juste pour rassurer les lecteurs de l’article, on peut connaître le quartier sans se déplacer avec des moutons.
@Bill, oui, s’ils entrent dans la cité, je pense que c’est quand le service propreté vient d’abord 😉
je trouve cette démarche plutôt intéressante. Sincèrement habitant, organiser des « vraies » visites dans des vraies fermes », vous avez raison mais cela ne doit pas fausser ce nouveau cadre urbain fermier agricole. Demandez aux habitants du Clos S L à Stains, ils vous dirons qu’ils eux du mal au départ avec le potager et les poules maintenant c’est un vrai régal. Dernièrement, ils ont organisé une omelette géante (œufs frais).
Personnellement, je préfère ce cadre que celui du trafic de tous genres. C’est le sens même de l’écologie urbaine.
Evidemment Lila, il faut mieux voir 4, 5 moutons ( pas vu un troupeau de vingt non plus) brouter de l’herbe que des trafics d’herbe ou autre. Pour les oeufs, quelqu’un le fait pas loin et dans d’autres pays, en ville, des particuliers mettent des poules dans leurs jardin pour consommer les œufs.
Après, expérimenter l’élevage de moutons pour faire de l’écologie urbaine dans un quartier, c’est autre chose que le potager ou les poules que vous avez cités sur Le Clos St Lazare. Avec le stress, c’est pas le milieu naturel: les déchets par terre, la circulation moto, voitures autour… Cela met un petit peu d’animation les moutons mais ça ne doit pas masquer le cadre de vie dans lequel on vit tous les jours, qui n’est pas toujours champêtre. On ne peut pas parler de mixité sociale dans ma cité par exemple, c’est une réalité. Vouloir systématiquement tout transvaser ici, fait qu’on se sent encore plus en vase clos d’une certaine manière. D’où mon propos sur le fait qu’il devrait y avoir aussi un échange avec de vraies visites dans de vraies fermes au moins pour les enfants, pas que des animaux qui viennent paître dans les quartiers.
c’est quand même une bonne initiative. Pourquoi ne pas mettre des moutons sur le parvis de la gare pour occuper l’espace,ça empêchera peut-être que les vendeurs a la sauvette de tous genres s’installent. Goldo
habitant, faire du potager et de l’élevage…font parti des projets de l’écologie urbaine voir plus exactement des projets portés par l’agenda 21.
Ces projets ne s’arrêtent pas à cela mais balayent les problématiques liées à l’occupation de l’espace public. Je ne vous dis pas le contraire quant aux déchets par terre, circulation moto, voiture autour…Travailler sur les incivilités car il s’agit aussi de cela en réalité.
Aussi, je dis que ces initiatives qui relèvent de l’écologie urbaine (on ne va pas s’éloigner d’un sujet que l’on a ignoré voir pire dénigré depuis toujours) sont intéressantes à condition bien sur de les faire vivre avec les habitants.
Dans tous les cas votre point de vue est intéressant car il démontre combien nous sommes loin de ces questions et c’est bien dommage.
Je persiste à dire que je préfère voir ces projets se développer dans le but d’occuper notre espace public et ce dans l’intérêt de nous tous.
Ca me plait assez de savoir qu’il y a des moutons qui broutent pas loin de chez moi mais attention à ne pas en faire de simples outils sur pattes pour cacher la misère et tout… C’est un début mais ça ne dispense pas la mairie de faire son travail…
« Agenda 21 » qui existe depuis 1992 je crois (niveau des pays et local), parfois, c’est comme dire « ovni », c’est pas toujours visible ici. Je ne sais pas si on peut tout remettre que sur les incivilités. Par exemple, il n’y a pas assez d’infos sur comment jeter ses ordures ou les déchets, recyclage, tri sélectif visibles dans le quartier. Même pas assez de poubelles à l’extérieur. Je ne parle des affiches gentillettes « ma ville , je l’aime j’en prends soin » ni à coups d’amendes non plus. Mais juste quelque chose qui mette bien la réalité en face, que l’argent dépensé là-dessus peut servir à autre chose comme des initiatives de cette association par exemple. T’en as qui triaient avant et plus maintenant parce que « Attends, je paye des charges qui augmentent, alors faut bien que ça serve à quelque chose. » Et puis d’autres croyant bien faire, par exemple, vont déposer les restes de bouffe par terre parce que c’est péché de jeter, en croyant nourrir les pigeons. Or, ça attire les rats. Et comme il n’y a pas assez d’infos dessus comme avant, on peut croire, qu’à la base, c’est permis. C’est des trucs basiques, de la vie quotidienne qui méritent d’être mieux pris en compte, pas négligés, pour le bien de tous comme tu dis Lila.