Le Monde : A Saint-Denis, une association d’anciens élèves veut briser le fatalisme des lycéens.
Voilà qui fait plaisir à lire à double titre :
– de voir ces jeunes au parcours brillant malgré leur origine dionysienne et leur parcours scolaire local : on aimerait les voir beaucoup plus mis en avant pour briser le manque de modèles positifs parmi les jeunes
– non contents d’avoir réussi, ils reviennent pour aider les plus jeunes et les sortir du ghetto mental que représente l’échec ou le manque d’ambition personnel par manque de confiance.
Bravo à eux !
Bill
C’est « une bande de potes » du lycée Suger de Saint-Denis. Ils s’appellent David, Myriam, Thomas, Yannis, Neerashaa et Ali. Devenus étudiants modèles, ils ont intégré des grandes écoles, tissé un réseau solide et souhaitent désormais le partager avec des jeunes lycéens en proie aux difficultés scolaires. Un filet de secours qui prend la forme d’une association d’anciens élèves. Créée au mois d’août, leur jeune structure veut pallier le manque d’orientation en aidant les lycéens à trouver leur voie dans l’enseignement supérieur.
[…] « Le problème c’est que dans de nombreux lycées de banlieue, le bac est un horizon indépassable. Les élèves s’estiment incapables de faire des études supérieures. A ce fatalisme, nous voulons opposer une prise de conscience. Montrer que l’horizon est ouvert, que chacun a un potentiel et qu’il suffit parfois d’un déclic pour réussir. »
« En banlieue, la première difficulté c’est l’autocensure »
Si les six compères endossent un rôle de modèle, traçant des parcours d’étude divergents mais semblables en qualité, ils n’aiment pas pour autant s’attarder sur leur réussite. « […] Nous voulons juste rendre la pareille. Offrir notre expertise d’ancien élève passé par les mêmes classes, les mêmes profs et les mêmes difficultés que ceux d’aujourd’hui. »
A Saint-Denis, la première difficulté à combattre « c’est l’autocensure », s’exclame David. « En venant de Suger quand je suis arrivé dans une grande école, je pensais que j’avais moins de capacités que les autres, ce qui s’est révélé faux. » […]
Programme de parrainage
[…] Concrètement, l’association souhaite en premier lieu développer un programme de parrainage et de soutien scolaire afin d’aider une dizaine d’élèves du lycée à intégrer des formations sélectives. « A notre échelle, nous ne pouvons pas apporter un soutien sur la totalité de l’établissement, explique Thomas. Nous comptons donc sur les professeurs, la direction et surtout les anciens de Suger pour lever des fonds ou venir nous donner un coup de main en encadrant et conseillant les jeunes qui feront appel à nous. »
La direction de Suger, intéressée par cette nouvelle association, accueillera ses membres courant octobre. Ils présenteront notamment leur projet de collecte de livres et manuels scolaires, comme celui de bourse, dont les financements pourront être assurés par des fondations, les anciens du lycée et peut-être même l’établissement. « Nous avons bon espoir, s’enthousiasme David, car nous avons gardé de bons contacts avec les profs du lycée. »
Une « bonne blessure »
Les associations d’anciens élèves dans les lycées de Saint-Denis sont plutôt rares. Si Paul-Eluard, l’un des meilleurs lycées de la ville en possède une, la démarche des Sugériens est suffisamment novatrice pour attirer l’attention. Elle témoigne d’un véritable attachement à la vie lycéenne et « aux souvenirs mémorables » que les membres de l’association ont partagés. Si Myriam se rappelle surtout de son prof d’histoire-géo en terminale, « un homme formidable » qui lui « a permis de développer une pensée critique », Yannis, lui, a été touché avant tout par la proximité et le soutien entre enseignants et élèves qui perdure parfois bien après le baccalauréat.
Quant à David, il se rappelle d’« une bonne blessure ». Un professeur de mathématiques, quel que peu sévère, qui lui avait annoncé qu’il n’entrerait jamais dans une grande école. « Aujourd’hui, je reviens pour montrer que, oui, c’est possible d’y arriver malgré la difficulté et l’autocensure dont sont aussi victimes les lycéens comme les professeurs qui nous conseillent uniquement des formations peu sélectives, soutient-il. Avec notre association, nous voulons convaincre enseignants et élèves que venir de Saint-Denis, comme d’ailleurs, n’est pas une fatalité et qu’avec de la détermination et du soutien, on peut réussir partout. »
Matteo Maillard, le 30/09/2015
Je note ici mon commentaire dans le journal :
Bravo à eux et à leurs professeurs. On pourrait valoriser ces réussites, au lieu de surfer sur le discours de l’échec de l’école, du collège, du lycée, reprocher aux enseignants d’être rasoirs et encroûtés, alors qu’en réalité ils se dépensent pour faire réussir une bonne partie de leurs élèves, et notamment en banlieue. Cette dépression française à propos de l’éducation masque la réalité du terrain, qui est souvent faite de compétence et de dévouement !
A St-Denis, lorsqu’on ouvre le JSD, les seules jeunes dont on nous parle, c’est ceux qui font du Rap et sport, jamais ceux qui réussissent à l’ecole, à croire que les jeunes dyonisiens ne savent ni lire ni ecrire, ils ne sont bon qu’à chanter et faire du sport
@Habitant : c’est en effet le cas le plus souvent, mais depuis deux à trois ans on voit apparaître de temps en temps des jeunes qui réussissent à l’école, mais jamais d’ingénieurs, de techniciens, de cadres commerciaux, de médecins, d’infirmiers, de vendeurs, etc…, or ils sont mille fois plus nombreux à exercer ces métiers utiles que les sportifs ou les rappeurs que le JSD met en avant !
Veut-on faire croire aux jeunes de Saint-Denis qu’ils ne peuvent se réaliser que dans le sport ou la chanson et que l’immense majorité d’entre eux n’aurait aucun espoir de s’insérer dans la société ? Créer et entretenir le désespoir est bien en effet un fonds de commerce pour les extrêmes !
@Suger : Loin de moi l’idée de mépriser ceux qui réussissent par le sport et la musique, encore faut-il être aussi doués que Grand Corps malade ou le trio de jeunes femmes qui a récemment créer un buzz! Après les goûts et les couleurs…moi j’aime bien. Je ne crois pas qu’il s’agisse non plus d’entretenir le désespoir à Saint-Denis. Malheureusement je pense que c’est bien pire : ils ne s’intéressent pas à ceux qui réussissent autrement que par les arts et le sport, ce n’est pas assez « cool ». La « coolitude » (cool-attitude) est une carte souvent tirée pour paraître « sympa » quand on n’ a rien d’autre à proposer.
@Bel-Air : Je ne sais pas si c’est pire, car je reste persuadé que la volonté d’entretenir la désespérance sociale est très présente pour s’en servir politiquement. Mais vous avez raison : être « cool » est tellement plus facile que de dire aux jeunes de Saint-Denis ce qu’est la vraie vie, faite d’exigences (mais aussi de joies) dans le travail, comme dans le sport, la chanson ou tout autre loisir. On fait rêver des jeunes sur des parcours (le sport ou la chanson) qui ne peuvent être des débouchés professionnels que pour une infime minorité.
Etre « doué » ne suffit pas. Il faut une solide formation et sans doute un peu plus… Ainsi Grand Corps Malade n’est pas seulement « de Saint-Denis », il est aussi le fils d’un haut fonctionnaire territorial qui a été notamment secrétaire général de la ville de Saint-Denis, puis de de Plaine Commune. C’était d’ailleurs un bon élève de section scientifique.
@ Suger ,
Mais c’est vrai que vous connaissez bien votre St Denis !
Claudine SAUR POSPIECH .
Oui ce grand corps malade qui soutient le maire de St-Denis mais qui a vite fuis la ville…
Je suis d’accord avec Suger, la désespérance est entretenu par cette municipalité, c’est dans leur intérêt..Lorsqu’on a des discours de Braouzec du genre « St-Denis, ville rebelle » ça veut tout dire, il veut que ces jeunes restent en permanence des jeunes qui se rebelles (qu’ils foutent la m….) alors que certains ont plus de 30ans, le chaos est son fond de commerce.