Le Parisien : Suger, abbé bâtisseur de Saint-Denis
Le Parisien continue sa série culture, toujours agréable de mieux connaître les origines de notre ville. Bill
Il a vécu dans une petite chambre de l’abbaye de Saint-Denis et, de là, a même fini par diriger le royaume de France. Né en 1081 dans une famille de paysans aisés, l’abbé Suger est devenu, au fil des années, une figure du Moyen Age au point d’assurer la régence du royaume de France entre juin 1147 et novembre 1149, alors que le roi Louis VII combat dans la deuxième croisade. Auparavant, cet enfant de Saint-Denis, entré au monastère à 10 ans, avait lancé l’oeuvre de sa vie : faire de sa cité et de son abbaye la seule nécropole des rois de France et le symbole d’un pouvoir royal renforcé.
C’est grâce à cet abbé bâtisseur charismatique, fin politique et un brin orgueilleux, que Saint-Denis connut son âge d’or, notamment en livrant au monde la première architecture gothique. Aujourd’hui, vous pouvez encore partir sur les pas du célèbre abbé, en commençant bien sûr par son chef-d’oeuvre : la basilique. « La façade actuelle, on la lui doit, explique Serge Santos, administrateur du monument. Avec ces trois travées (espaces entre les colonnes), cet aspect massif, c’est plus qu’une façade. » Actuellement couverte d’échafaudages, elle retrouvera bientôt sa blancheur. Le portail nord est achevé, et le portail central, en phase de restauration, sera dévoilé cet automne.
A l’intérieur du prestigieux monument, l’abbé Suger a aussi laissé son empreinte. En 1140, à peine le massif de la façade terminé, il lance la construction du chevet (l’extrémité de l’église, derrière le choeur). « C’est un manifeste de l’art gothique, avec ses croisées d’ogives, poursuit Serge Santos. C’est aussi un espace surélevé par rapport à la nef, qui permet de voir du fond de l’église les reliques de Saint-Denis. » Le jour de la consécration, le roi Louis VII et son épouse Aliénor d’Aquitaine sont présents. C’était le 11 juin 1144, près de quatre ans après la pose de la première pierre. « Suger prétendra que le chevet a été édifié en trois ans, trois mois et trois jours, une référence religieuse. C’était aussi un grand communicant avant l’heure… », sourit Serge Santos.
L’importance de la lumière, avec des verrières beaucoup plus grandes, l’utilisation du bleu de cobalt, ou de vitraux en nombre, pourtant une fois et demi plus chers que la pierre, sont d’autres signes particuliers de l’oeuvre de Suger. Et c’est aussi dans sa crypte que l’abbé fut enterré, aux côtés des rois de France, à sa mort en 1151. Son nom, gravé dans le marbre de l’ossuaire des rois, mais aussi son visage restent présents dans la basilique : l’abbé s’y est représenté au pied du Christ, sur le tympan du portail central datant de 1140, et au pied de la Vierge, sur un vitrail de 1144.
Mais, même en dehors de la nécropole royale, sa trace persiste, et pas seulement grâce au lycée qui porte son nom. « Beaucoup d’objets de son époque, comme des chapiteaux (sculptures ornant des colonnes), des céramiques, des poteries, sont exposés dans les deux salles d’archéologie du musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis », précise Nicole Rodrigues, directrice de l’unité d’archéologie de la ville. Guidés par les bornes du parcours historique, vous pourrez vous y rendre en passant par des rues et des places qui ont jadis accueilli des artisans du Moyen Age. Comme un voyage à travers le temps.
Jean-Gabriel Bontincks | 22 juil. 2014
Pauvre Suger tout seul , sans un mot de commentaire !
Il a eu des idées géniales pour construire cette Basilique -avec juste ce qu’il faut d’esprit de « magouille « ( la provenance et « l’achat » de la pierre ,ent’autre )- et sans sa ténacité , nous ne profiterions pas de ce beau batiment historique.
Le 19ème siècle a beaucoup sévit pour sa restauration (affaire de la flèche RE construite trop lourde ! )
J’espère que le 21ème n’aura pas l’outrecuidense de continuer à réclamer sa reconstruction -le financement non plus – .LAISSONS le passé tranquille et respectons la Convention ( ? ? ) de Venise .