LeMonde – « Rythmes scolaires : le choix de Saint-Denis »
Rythmes scolaires : les communes tergiversent
« Le Monde » du 11 février 2013 (extraits)
Le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, s’est fixé un objectif : qu’un écolier sur deux soit, dès la rentrée prochaine, en classe quatre jours et demi par semaine – contre quatre actuellement. Autrement dit, que plus de 3 millions d’élèves, sur un total de 6,7 millions, bénéficient de la réforme des rythmes scolaires. Or, à un mois et demi de l’échéance fixée aux communes pour faire savoir si elles engageront cette réforme en 2013 ou en 2014, le pari est loin d’être gagné. […]
Seules 19 des 50 villes les plus peuplées de France [dont Saint-Denis] ont fait savoir qu’elles établiront, dès septembre, une demi-journée de classe supplémentaire par semaine – fixée au mercredi, sauf dérogation pour le samedi. Elles représentent moins de 400 000 élèves, dont presque 200 000 à Paris. Dix grandes villes ont annoncé qu’elles attendront 2014. Les autres hésitent. Elles ont jusqu’au 31 mars pour faire connaître leurs intentions. […]
Car pour toutes les villes, les incertitudes sur le financement demeurent. Organiser trois quarts d’heure d’activités périscolaires en plus, chaque jour, pour compenser l’allègement du temps de classe, a un coût : entre 100 et 150 euros par élève, estime l’Association des maires des grandes villes de France. Soit 600 millions d’euros par an, plus de deux fois plus que le « fonds d’amorçage » de 250 millions d’euros promis aux villes engageant la réforme dès 2013. […]
Difficile, aussi, pour les collectivités de s’approprier la réforme alors qu’elles ignorent comment recruter des animateurs qualifiés pour encadrer ces activités. [ …] Un décret visant à assouplir, sous certaines conditions, les taux d’encadrement réglementaires a été promis aux municipalités.
Sur le site du JSD ce jour :
Les rythmes scolaires divisent les élus
Le sujet, d’actualité, a occupé une grande partie du débat.
La réforme des rythmes scolaires a pris beaucoup de place dans le débat. La majorité des intervenants extérieurs au conseil, parents, enseignants et employés communaux ont demandé son report (SNUipp) ou son retrait pur et simple (SUD, FO). De nombreux élus ont tenu également à donner leur position.
La surprise est venue de Patrick Braouezec (FASE), qui a demandé au maire « de surseoir à l’application de la réforme des rythmes ». Georges Sali (PS) a aussi demandé « solennellement » au maire le report de la réforme : « Il faut débattre, d’autres villes de gauche l’ont fait. » Lise Benison (LO) a souhaité que la Ville prenne la tête d’une « vaste mobilisation » contre une réforme faite « à la va-vite » qui met les communes « devant le fait accompli ».
Christophe Mézerette (MRC), empêché par une maladie, a exprimé ses doutes dans une déclaration : « Avec toutes ces réformes qui ont aggravé la situation au lieu de l’améliorer, il serait irresponsable de ne pas se méfier. » Christophe Girard (FdG) a critiqué « une réforme des rythmes qui relègue au second plan les sujets essentiels. »
Xavier Ducos-Fonfrède (UMP) s’est prononcé clairement « contre l’application de cette réforme », mettant en garde contre « l’effet d’aubaine » des subventions d’État. Cécile Ranguin (EELV), pas opposée « a priori » à cette réforme, s’est interrogée sur la pérennité de son financement : « Les premières années, les communes seront aidées, mais les suivantes ? D’autant que les collectivités vont être concernées bientôt par les mesures d’austérité ».
Maud Lelièvre (PS) s’est dite « favorable à une telle réforme, mais pas dans n’importe quelles conditions », avant d’insister sur la nécessité de « favoriser un temps de qualité après l’école ». Dans ce sens, elle a demandé un amendement engageant le conseil municipal à « mettre en place une consultation locale ».
À l’inverse, Laurent Russier (PC) a déclaré son attachement à « donner le meilleur accompagnement aux enfants en dehors du temps scolaire : garde du matin, étude, club lecture, école des sports, conservatoire, pause méridienne… ». Il a assorti son souhait de « faire encore mieux » en enjoignant le gouvernement à « nous accompagner ».
Pour David Proult (FASE), « rien ne serait pire que le statu quo, le faux changement. Nous pensons que dans la refondation, il y a le changement des rythmes, dans l’intérêt de l’enfant ». Il a rappelé la volonté de conduire cette réforme avec des moyens supplémentaires, des embauches, et de saisir cette opportunité pour « développer un service public local périscolaire fort, sans toucher au taux d’encadrement ».
Le maire Didier Paillard, en conclusion, a indiqué que le débat continuait et qu’une décision serait prise « au mois de mars » lors d’un conseil municipal, ordinaire cette fois-ci.
S.B.