LeParisien – « Le palmarès des lycées de Seine-Saint-Denis »
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Sam
LeParisien – « Le palmarès des lycées de Seine-Saint-Denis »
(…).
Voilà le guide Michelin des lycées. Un classement, rendu public hier par l’Education nationale. Cette année encore, le privé est en tête en Seine-Saint-Denis avec quatre établissements qui ont obtenu 100 % de réussite au bac l’an dernier. A la 5 e place, on trouve un lycée public, René-Cassin au Raincy, qui a lui aussi 100 % de réussite en 2013. Il n’était que 24 e l’an dernier. Une progression de 19 places ! Le deuxième lycée public est Nicolas-Joseph-Cugnot, de Neuilly-sur-Marne, avec 97 % de réussite (+ 5 places). En 15e position, on trouve un autre lycée général et technologique, Lucie-Aubrac à Pantin avec 95 % de réussite. Et cela alors que l’établissement était en queue de peloton l’an dernier, à la 53 e place avec seulement 60 % de réussite !
D’une manière générale, le taux de réussite au bac des lycées de Seine-Saint-Denis a progressé par rapport à l’an dernier. Ils n’étaient que 31 à dépasser les 80 %, ils sont 44 cette année. Même les derniers ont eu de meilleurs résultats, à l’instar de Jean-Moulin au Blanc-Mesnil.
Mais si les résultats à l’examen final peuvent faire rêver les parents, mieux vaut rester vigilants. Car certains lycées sélectionnent leurs élèves sur dossier avant l’entrée en seconde. D’autres écrèment largement entre la seconde et la terminale pour booster leurs taux de réussite au bac. Au lycée privé Fénelon de Vaujours, par exemple, seuls 63 % des élèves de seconde obtiennent leur bac trois ans plus tard, et cela alors que le taux de réussite est de 98 %. Cependant, des taux d’accès de la seconde au bac trop faibles ne reflètent pas toujours la réalité. Surtout pour les lycées aux filières générales et technologiques, qui ne poursuivent pas toutes les filières jusqu’en terminale.
Ce qu’il faut surtout regarder ? La différence entre le taux de réussite au bac attendu par l’Education nationale et celui obtenu réellement en fin d’année. « Il montre les établissements où les équipes enseignantes se battent pour les jeunes, via des projets notamment », observe François Cubizol, le président de la FCPE 93.
Ainsi, Utrillo à Stains a 14 points de réussite en plus qu’attendu, Louise-Michel à Bobigny, 13 points, Voillaume à Aulnay, 11 points, Mozart au Blanc-Mesnil, 10 points, Le Corbusier à Aubervilliers, 8 points.
Publié le 5 avril 2014
Il y a un bel article à propos de la réussite du Lycée Paul Eluard avec les élèves en difficulté.
…dans le journal « Le Monde » .
Voici le lien pour le Monde mais il est en accès abonné http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/04/04/a-saint-denis-le-lycee-paul-eluard-booste-les-eleves-fragiles_4395748_3224.html
La fin de l’article du Parisien est le plus important pour apprécier un lycée : « Ce qu’il faut surtout regarder ? La différence entre le taux de réussite au bac attendu par l’Education nationale et celui obtenu réellement en fin d’année. » Ce résultat attendu tient compte de l’âge et de l’origine sociale des élèves. De ce point de vue, essentiel, les résultats sont contrastés à Saint-Denis.
Ils sont excellents pour Paul-Eluard avec une valeur ajoutée globale de 7 points, avec +13 points en ES, +10 points en S, +7 points en L, et +11 points en STG par rapport à la référence nationale. Ils sont très bons pour Jean-Baptiste de la Salle : avec une valeur ajoutée globale de 4 points (et 99% de réussites au Bac). Mais ils sont décevants pour le Lycée Suger avec -4 points (-15 en L, -10 en ES, – 4 en S mais +5 en STG).
Concernant l’article du Monde réservé aux abonnés, j’ai trouvé un accès gratuit à cet article 🙂
http://lafrance.co/d?i=160941
pour info, les articles « abonnés » du monde sont en accès libre quelques minutes lorsque l’on fait une recherche sur leur titre dans tout bon moteur de recherche…
@Suger,
Pour être honnête il faut regarder ces chiffres avec circonspection : le lycée De la Salle ne scolarise pas (volontairement) tout à fait les mêmes élèves que le lycée Suger ou Eluard à qui le servie public demande d’accueillir tous les élèves.
Lire – si vous voulez – ci-après une note des chefs d’établissements CGT (oui, je sais, CGT, mais ce qui est dit ici par des gens impliqués mérite d’être lu) :
« Communiqué des Personnels de Direction de l’Education Nationale CGT académie de Rennes
Alors que les familles des élèves de troisième sont engagées dans le processus d’orientation qui doit les conduire, dans quelques semaines, à choisir un lycée pour leurs enfants, la presse régionale et nationale publient des palmarès de résultats des lycées et, pour certains de ces médias, des classements.
Historiquement, ces classements ont été imposés par une presse conservatrice dont les convictions libérales militaient pour la mise en concurrence des établissements comme des services publics.
Appuyés sur des indicateurs rudimentaires, ces palmarès alimentaient le doute des familles, encourageaient les stratégies de contournement de la carte scolaire et la recherche de l’entre-soi social.
Le ministère de l’Education Nationale publie des indicateurs qui tendent à corriger ces résultats mais qui sont encore peu compréhensibles pour les familles et cette même presse persiste à fabriquer d’improbables classements.
Ce que ne disent pas ces classements, ce sont les responsabilités différentes des réseaux public et privé à l’égard de la demande d’éducation. Les lycées publics accueillent dans une logique de proximité tous les enfants, avec le projet d’accompagner chaque élève dans un parcours de réussite.
Ce que ne disent pas ces classements qui agrègent des résultats bruts ce sont les itinéraires désormais différenciés qu’offrent les lycées publics afin de garantir les passerelles qui permettent aux jeunes de ne pas se perdre après des choix incertains.
Ce que ne disent pas ces classements c’est le formidable effort des lycées publics qui, pour répondre à une demande d’éducation croissante dans un contexte démographique tendu, ont choisi de coordonner leur offre de formation afin de la rendre cohérente et accessible à l’ensemble des familles à l’échelle des bassins de vie.
Ce que ne disent pas ces classements, c’est l’engagement des équipes éducatives pour accompagner la réussite éducative et informer familles et élèves.
Ce que ne disent pas ces classements, c’est le progrès général des résultats des élèves de l’académie de Rennes.
Aussi, les chefs d’établissements conseillent aux familles de ne pas perdre trop de temps dans le maquis de ces palmarès. Ils les invitent donc à se tourner vers les équipes éducatives qui sont mobilisées pour les accompagner. »
Il faut noter que le lycée De la Salle n’offre pas toutes les filières générales mais est par contre très développé du côté technologique et professionnel. Il n’est donc pas vraiment comparable à Eluard et Suger. Par contre, en terme de recrutement, les élèves sont majoritairement Dionysiens et des communes proches.
Aussi, je souhaitais avoir l’avis des enseignants sur un point : il me semble que le point noir de l’éducation en Seine Saint Denis, c’est le collège qui stocke certains élèves en perdition et en attente de leurs 16 ans.
Pour en avoir discuter avec des Dionysiens pure souche, le lycée est beaucoup plus apaisé suite à un écrémage naturel et les enseignants sont pour la plupart très motivés. Paul Eluard est particulièrement côté auprès de ses anciens élèves.
Le lycée J-B de la Salle offre deux filières générales (ES et S) sur trois (pas de L) et pour les résultats concernés par cette étude du ministère il offre les mêmes filières technologiques que le lycée Paul-Eluard (qui a, en plus, une filière plus rare : STL/Techniques de Laboratoire). Le lycée Suger offre les trois filières générales et une seule filière technologique (STG/Gestion). C’est pourquoi il faut regarder, au-delà du résultat global, les résultats par filières quand les effectifs sont suffisants pour être significatifs. C’est ce que j’ai essayé de faire dans mon message.
Je ne suis pas d’accord avec thierryb, ou plus exactement avec le communiqué des chefs d’établissement CGT, concernant l’intérêt du classement selon la « valeur ajoutée » fait par le ministère. Contrairement au classement par les résultats bruts au bac, publiés par la presse et qui n’a pas grand sens, ce classement du ministère et les résultats affichés pour tous les lycées donnant la « valeur ajoutée » est très significatif.
Il tient compte de l’origine sociale des élèves et de leur âge (donc des redoublements éventuels) pour calculer les résultats « attendus », puis compare avec les résultats obtenus pour voir si le lycée fait mieux (« valeur ajoutée ») ou moins bien. Cela reflète la mobilisation de la direction de l’établissement et des enseignants pour trouver les moyens les plus efficaces de réussite des élèves au bac, à partir de la seconde.
Cela brise deux tabous : l’idée qui traîne encore d’une prédestination sociale absolue des élèves face aux résultats scolaires et l’idée que tous les lycées se valent (sous-entendu : les directions et les enseignants n’auraient aucune responsabilité dans la réussite scolaire des élèves qui leur sont confiés, ce qui est faux comme toutes les études sociologiques le montrent).
D’ailleurs thierryb sait bien l’importance de cette mobilisation d’un établissement pour la réussite des élèves puisqu’il était enseignant à l’ancien lycée de l’ENNA , Place du 8 mai, où les résultats en « valeur ajoutée » étaient parmi les meilleurs de France, ce que j’avais pu signaler alors sur ce site…
@suger
Il n’y a aucun doute sur le fait qu’au Lycée de l’Enna, nous étions un groupe solidaire et assez créatif, avec une motivation et une formation individuelle volontariste – équipe jamais reconnue ni remerciée par la municipalité, d’ailleurs. Malheureusement une bonne partie de l’équipe, stable depuis plus de 15 ans, a quitté l’établissement depuis deux ans et les collègues qui restent se battent dans un contexte de fermeture annoncée…
Je ne doute aucunement de la pertinence de certains chiffres avancés, mais, notamment en lycée professionnel, les réformes à l’emporte-pièce des dernières années (2008-2012 surtout), au vu des difficultés croissantes (sociales et parfois cognitives, comportementales) des élèves, le travail des enseignants ne s’est pas vu facilité.
Je suis actuellement dans un établissement de ville moyenne, en Bretagne, et malgré une équipe elle aussi très motivée, il semble que les parcours des élèves soient de plus en plus chaotiques : la crise est aussi passée par là, et d’autres raisons plus profondes à la fois liées à la province (un manque de curiosité inattendu pour le monde) et un enfermement dans ce que médias et internet ont de moins valorisant.
Malgré les efforts fréquents des équipes pédagogiques, nous sommes le pays européen qui voit la réussite scolaire la plus corrélée à l’origine sociale. Il y a encore du travail et certainement une amélioration sérieuse de la formation des professeurs.
Cette formation en ESPE est attribuée aux universités, or depuis la loi LRU de 2008, l’Etat ne peut plus influer sur la carte ni le contenu des formations alors qu’il faudrait une politique radicalement nouvelle après le désastre des années Darcos-Chatel. De plus avec les crédits limités, la formation permanente des professeurs est en chute libre. Peillon, qui aurait du rester pour mener à bien la réforme, est parti…
Les chefs d’établissement syndiqués cgt soulignent combien il ne faut pas s’arrêter aux seules données chiffrées pour évaluer les conditions et l’efficacité du travail des professeurs étant donnée la relative déception des chiffres de valeur ajoutée dans beaucoup d’établissements publics bretons, fortement soumis à la concurrence du privé, ici beaucoup plus qu’ailleurs, dans un contexte de baisse des crédits.