LeParisien – « Saint-Denis dit adieu à ses pianos de luxe »
La fermeture est-ce la seule solution ?
Sam
LeParisien – « Saint-Denis dit adieu à ses pianos de luxe »
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L’annonce de la fermeture, d’ici à la fin de l’année, des Ateliers Pleyel a eu l’effet d’un tremblement de terre à Saint-Denis, où la manufacture de pianos de luxe s’était réimplantée il y a six ans. La nouvelle, divulguée hier après-midi dans un communiqué de la Confédération française des métiers d’art (CFMA), et confirmée dans un communiqué par le président de la manufacture, Bernard Roques, a provoqué la stupéfaction des élus, peu nombreux dans la confidence. « Nous savions que la société Pleyel avait des difficultés et elle nous avait fait savoir qu’elle envisageait de quitter le site de Saint-Denis, indique Pierre Quay-Thévenon, adjoint au maire (PC) à l’économie. Il n’était cependant pas question de fermeture ni de licenciement collectif mais de diversification de ses activités et d’un repli sur le site d’un de leurs partenaires, à Sens (Bourgogne). »
Hier, au sein des ateliers nichés à l’ombre du Stade de France, les salariés, inquiets pour leur avenir, faisaient grise mine. « Nous en avons gros sur le cœur », réagit l’un des cadres du site où quatorze personnes, artisans d’art pour la plupart, font encore tourner la prestigieuse maison. Quatorze hommes et femmes, âgés de 25 à 56 ans, ébénistes, menuisiers, maîtres en art de l’acoustique et de la laque. « Travailler ici, c’est notre fierté. Nous sommes porteurs de savoir-faire que personne d’autre ne maîtrise », martèle un salarié dans son atelier.
« Pour notre dernière œuvre, le piano design dessiné par Peugeot, les équipes ont travaillé le soir jusqu’à 22 heures. On n’a jamais compté notre temps. Notre meilleure paie, c’est le résultat », confie un autre salarié. Les ateliers, parfois ouverts de façon exceptionnelle au public, accueillaient aussi, de temps à autre, des artistes souhaitant s’exercer sur l’un des instruments exposés dans le showroom attenant ou dans celui de la salle Pleyel, à Paris.
Depuis 2007, date à laquelle l’entreprise française était revenue à Saint-Denis dans ses locaux actuels (rue des Bretons), non loin de son site d’origine, les salariés produisaient une vingtaine de pièces par an, dont le prix varie de 80000 à 180000 € chacune. « A ces tarifs-là, pas un piano ni aucun autre meuble ne sont partis avec un défaut. A la moindre rayure, toute la laque est reprise. C’est ça le made in France », renchérit un ouvrier, qui étudie avec ses camarades des pistes de reconversion. « Pour les plus vieux d’entre nous, ça risque de ne pas être simple », s’inquiète-t-il.
L’équipe qui sentait le vent tourner a anticipé. « Nous avons diversifié depuis au moins trois ans notre production. Nous mettons nos talents à la fabrication de meubles tout aussi prisés que nos pianos », raconte un cadre. Mais c’est après le départ du mécène qui avait repris la marque que la crainte d’une fermeture s’est fait sentir. « Il a revendu à un fonds d’investissement pour qui la qualité française n’a à l’évidence pas le même sens », déplore un cadre, qui n’a pas dit son dernier mot quant à la fermeture du site. « Nous sommes une niche et nous avons un marché qui va au-delà de la France », ajoute-t-il. La preuve? Il vient d’être démarché par un New-Yorkais qui lui a passé la commande d’un piano faramineux. « Je travaille au prototype. Mais ce n’est pas le seul. Pleyel fait encore rêver beaucoup de riches mélomanes », conclut-il.
MP Bologna et N. Perrier – Publié le 13 novembre 2013
Il semble impossible de laisser faire cette fermeture sans faire une sérieuse étude des possibilités de reprise par les salariés.
J’espère que les services emploi / entreprises de Plaine Commune et/ou la mairie vont s’impliquer pour aider et conseiller pour évaluer les possibilités. Au plus bas, le CA annuel est de 20 X 80 000 : 1 600 000€. Il me semble qu’en étudiant sérieusement le business plan, on doit pouvoir permettre à 14 personnes motivées et expérimentées de vivre de leur travail.