Les élections étudiantes à Paris-VIII annulées

On apprend par un article du « Monde » du 10 mai que « Les élections étudiantes à l’université Paris-VIII ont été annulées par la commission de contrôle des opérations électorales ». (…) « Ces élections s’étaient en effet tenues mi-avril dans un climat tendu : sur trois jours de scrutin, l’accès au bureau de vote avait été bloqué le 12 avril entre 12 h 45 et 15 h 45 et le 14 avril entre 9 h 45 et 13 h 20. Pour compenser ces interruptions, la présidente de l’université avait décidé, par arrêté, de prolonger de deux heures l’ouverture du scrutin, jeudi 14 avril. Mais cette mesure n’était « pas susceptible de régulariser ce trouble » lié aux blocages « dès lors que les mesures de publicité » de la prolongation des opérations électorales « ont été limitées », selon la décision de la commission. »
La candidate indépendante qui avait saisi la commission de contrôle des opérations électorales a déclaré au « Monde » : « C’est encourageant pour la démocratie de voir que les choses peuvent bouger : la justice nous a donné raison sur les irrégularités et les zones d’ombres de ce vote. »
J’ai une proposition pour l’organisation des nouvelles élections à Paris 8 : pourquoi ne pas faire deux bureaux de vote, l’un pour les « électeurs racisés » et l’autre pour les « électeurs non-racisés » ? Bien entendu, pour que cela soit cohérent, il faudrait aussi que les assesseurs pour dans chacun des bureaux de vote soient choisis d’une couleur en adéquation avec l’étiquette « racisés »/ »non-racisés » des électeurs correspondants. Une commission de non-mixité racisée pourrait se pencher sur ma proposition lors de la prochaine nuit debout à Saint-Denis. Vive la République !
Il serait intéressant de connaître les résultats de ces élections étudiantes à Paris 8 avant cette annulation, et ce que donneront de nouvelles élections.
Au niveau national, il est difficile de trouver les résultats des élections universitaires étudiantes pour la plupart des universités. Certaines d’ailleurs ne rendent ces résultats accessibles qu’aux membres de l’université comme « Paris Ouest Nanterre (Paris X) » ou « Paris Descartes (Paris V) ». La presse en parle peu ou pas du tout, alors qu’elle ne cesse pourtant de nous parler de mobilisation « des » étudiants et de l’UNEF présenté comme « le » syndicat des étudiants.
Qu’y-a-t-il à cacher ? C’est que dans toutes les Universités le taux de la participation aux élections est ridiculement bas ! Prenons quelques exemples pour les élections 2016 des représentants étudiants aux Conseils d’administration des Universités en région parisienne : à « Versailles St-Quentin en Yvelines c’est 11,9% (soit 2 151 votants pour 18 008 étudiants inscrits), à Paris Est Créteil (UPEC), c’est 11,8% (soit 3 743 sur 31 508) et à « Paris Sud » cela tombe à 7% (2 082 sur 29 740) et l’UNEF n’y rassemble que 1,9% des étudiants inscrits !…
Cela n’est pas meilleur en province : 8,1 % à « Toulouse Jean-Jaurès » – l’équivalent de notre Paris 8 en terme d’apparente mobilisation étudiante – et où l’UNEF n’obtient que 3,4 % des inscrits… , c’est 8,4 % à Poitiers, 9,1% à Montpellier, 11,4% à Bordeaux, 13,3% à Angers, etc… Le taux de participation le plus élevé semble être celui de l’Université de Bourgogne avec 16,4 %, mais c’est aussi là où l’UNEF fait un de ses plus mauvais scores : 2,04 % des étudiants inscrits !
Il y a donc à s’interroger sur la crédibilité des discours médiatiques concernant la « mobilisation étudiante » et notamment la place donnée aux groupes politiques et syndicaux les plus contestataires, dont l’UNEF, quant on voit les taux de participation et les voix recueillis par ces groupes aux élections universitaires.
De mémoire, il y a eu à Paris VIII 1600 votants pour 22000 inscrits, l’UNEF »raflant » 60 % des sièges.
Une mention spéciale et admirative pour le courage de la Présidente Danielle Tartakowski.
C’est à l’image des élections municipales. Affligeant de faire la comparaison entre le bruit médiatique, leur impact sur la vie de l’université et des étudiants et la représentativité effective. Le hold up de la parole étudiante …
Merci Mourad.
Cela ferait donc environ 7,2 % seulement de participation aux élections étudiantes de Paris 8, et l’UNEF aurait eu 960 voix sur 22 000 inscrits soit 4,3 % des étudiants de Paris 8…
Voici les cours magistraux de la journée à Paris VIII :
8H 30: Barrage filtrant à l’entrée de la fac pour la manif puis débrayage des partiels
10H : Assemblée générale interprofessionnel le du 93. Bourse du travail de Saint-Denis (rue Génin, métro Porte de Paris)
12h30 rdv départ de l’entrée de la fac
13h40 rdv P8 au début du boulevard Raspail
14h Départ de la manif de Denfert- Rochereau
Sait-on le % d’étudiants engagés dans le mouvement et comment cela se passe-t’il pour ceux qui souhaiteraient suivre leurs cours ? Peuvent-ils s’y rendre ? Leurs professeurs sont ils présents ou à la manif avec eux ?
Atmosphère de vacances depuis au moins 1 mois !
Le grand et quasi unique sujet : trouver des sous pour défendre les prévenus inculpés …
voilà qui motive à ne surtout pas choisir Paris VIII pour son enfant… Ca va grandement aidé les étudiants qui auront Paris VII sur le CV + ST Denis à trouver du travail.
Je pense ma Chère Bill que je ne vous ai rien appris sur Paris VIII …
J’avoue que ce qui s’y passe depuis quelques semaines et en particulier la mise en pratique de l’apartheid façon PIR me laisse tout de même sans voix. J’ai du mal à croire que ce soit possible dans une université et ça m’effraie un peu sur l’avenir de notre société et plus personnellement je commence à douter (pour la 1ère fois) sur notre avenir familial dans cette ville où mes enfants blonds aux yeux bleus, coloniaux, esclavagistes et islamophobes par couleur de peau, pourraient peut-être mal vivre leur adolescence si ces théories racialistes prenaient trop d’ampleur dans l’esprit dionysien.
Sans compter la demande des étudiants (notamment de paris VIII Cinema) d’ obtenir tous la note de 15 pour pouvoir faire grève tranquillement. …Même si on a de la sympathie pour ce mouvement, on ne peut s’empêcher de trouver que c’est très très particulier, ce qui se passe ici.
Voici le témoignage que j’ai reçu d’une amie enseignante à Paris 8, il y a un mois déjà :
« Nous sommes devant la complexité de valider les étudiants, certains vendent une validation universelle (mes copains à gauche de la gauche, philosophes et autres sociologues…nombreux habitant Paris avec maison secondaire et paiement de l’isf, quand j’ai du mal à payer mon F2 dans un immeuble du 9.3… mais passons !).Ceci en dit long in fine sur ce que nous pensons de nous mêmes (eux surtout) et sur notre niveau d’exigence envers les étudiants(?). Tu imagines je suis contre et nous sommes nombreux… Ouf!
On peut légitimement s’inquiéter de cet abandon des exigences minimales par certains, au nom d’une idée de l’Université devenue non pas émancipatrice mais dévoyée.
Paris VIII est déjà l’université qui accueille un nombre invraisemblable d’élèves de Bac professionnel en première année (ne trouvant pas de travail, cherchant une protection sociale, venus avec les copains, et heureusement certains -1% !- réussiront).
Si en plus elle devient celle qui donne les examens les années de grève, et celle qui accueille en son sein les théories du P.I.R., elle sera devenue à l’image de la ville : un « conservatoire », mais pas de ce qu’il y a de mieux.
« Depuis les attentats contre Charlie Hebdo, un discours critique est apparu chez certains universitaires qui emploient un langage racial, identifiant des paroles blanches ou non-blanches. Cette répartition des êtres parlants selon leur couleur a été revendiquée par des enseignants de l’Université de Paris-VIII lors des grèves contre la « loi travail » et récemment par les signataires d’une pétition demandant que la non-mixité soit reconnue comme un droit (mediapart, le 4 mai). (…)
La promotion d’activités séparées entre Blancs et non-Blancs, même si ses défenseurs « blancs » déclarent soutenir les autres, est symptomatique de la trahison par une certaine gauche des idéaux libertaires de 68 qui défendaient l’égalité des races et des sexes, la liberté sexuelle, le droit à l’irréligion, l’accueil des marginaux et, plus généralement, l’hybridation infinie des corps, des savoirs et des pensées.
En répartissant la société en Blancs dominants et non-Blancs dominés, ce nouveau discours de gauche rejoue une vieille rengaine marxiste, sans imagination (…). Il cherche désespérément à remplir la place vide du prolétaire perdu par une victime indistincte, totem de tous les opprimés, définie comme « non-blanche », et qui serait le dernier recours pour relancer la dialectique révolutionnaire. »
Sont ici donnés des extraits du début d’un article de François Noudelmann, Professeur à l’université de Paris 8, dans « Le Monde » du 11 mai 2016 dans lequel ce professeur de Paris 8 s’alarme de la dérive d’une partie de l’extrême-gauche vers une inquiétante racialisation :
http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/05/11/contre-la-logique-separatrice-il-faut-defendre-la-mixite-comme-principe-sociopolitique_4917546_3232.html#lyAB197J0d3H3pUD.99
En vrac trouver sur le net ce matin :
Ugo S. ✏ @Ugo_Semat · y a 26 minutes
Des profs de #Paris8 vont « donner » leur semestre aux étudiants en philo, alors qu’il n’y a quasiment pas eu de cours…. #LoiTravail (note de Mourad –> profs grévistes)
« Le département de sciences politiques est en grève depuis le début du mouvement social. Des cours alternatifs en lien avec l’actualité ont été proposés aux étudiants. Par ailleurs, la majorité des professeurs du département de sociologie se sont mis d’accord pour mettre en place un système de validation automatique des partiels à 10/20. Leurs collègues de sciences politiques se sont quant à eux laissés libre choix du mode de validation avec une moyenne de 10/20 garantie pour chaque étudiant. » http://www.benjaminfilarski.com (note de Mourad –> profs grévistes)
periscope.tv/RemyBuisine/1eaKbBjWgpoKX … …UN DEBAT CE SOIR A 18H 30 A PARIS 8 ET COLLECTE DE FOND REVERSE A LA CAISSE DE SOLIDARITE CONTRE LES REPRESSIONS (note de Mourad –> pour financer les frais d’avocats de la trentaine de comparus)
Bravo à SUGER d’avoir ouvert ce fil … il y a des rebondissements tous les jours !
http://www.europe1.fr/societe/paris-8-le-semestre-donne-a-tous-les-etudiants-en-philosophie-2744374
Extraits de l’article d’Europe 1 :
« La contestation se poursuit encore dans quelques établissements scolaires. Face au blocage, une décision étonnante a été prise à l’université Paris 8. Les partiels de philosophie sont purement et simplement annulés et l’examen va donc être donné aux étudiants.(…) Les étudiants n’ayant pas eu cours depuis le mois de mars, il était difficile d’organiser des partiels. Un petit noyau dur de professeurs aurait donc décidé de donner l’examen d’office aux étudiants.(…)
La présidence de l’université, contactée par Europe 1, dit ne pas être au courant de la décision prise par ce groupe de professeurs, mais explique qu’il n’est pas question de l’accepter. Une réunion pour trancher doit avoir lieu dans les jours à venir.(…) Ceux de l’université de Rennes 2, qui ont occupé la faculté jours et nuits depuis mars, ont demandé que l’on valide leurs partiels de mai sans succès. La situation s’est également présentée à Lille 1 et, là encore, la demande des étudiants a été refusée. »
Villetaneuse a aussi été toucher par des blocus, des participations au manif, mais le étudiants ne serons pas favoriser et devrons valide leur semestre. Privilège de paris 8 ?
J’ai également entendu que la présidence de Paris VIII refuse la validation des diplômes sans examens. Si les étudiants étaient validés, que vaudraient leurs diplômes? Effectivement, faire grève sur la durée est un risque, mais il faut l’assumer.
« Le Monde » du 23 mai fait le point sur le problème des examens pour les universités touchées par les grèves et les blocages. L’article s’attarde sur la situation à Paris 8 qui est plutôt « atypique » !…
Extraits :
« L’étudiant, mobilisé ou non mobilisé contre la loi travail, ne doit pas être pénalisé. » Ce maître mot domine, au sein de l’université Paris-VIII, à l’heure des évaluations du second semestre. Sauf que la présidence, les enseignants et les étudiants divergent fortement sur les solutions, dans cet établissement au cœur du mouvement de protestation contre la loi travail. (…)
Au sein du département cinéma, les cours ont été remplacés depuis plus de deux mois par un cycle de projections de films politiques et de débats, et des tournages de courts-métrages estudiantins autour de la mobilisation. Faute de pouvoir organiser des partiels, les enseignants du département, très impliqués en faveur du mouvement, se sont posé la question d’attribuer une note sur travaux. Ils ont annoncé le 20 avril, dans un e-mail adressé aux étudiants de licence comme de master, y avoir renoncé, considérant qu’ils n’étaient pas en mesure de les « évaluer équitablement ». (…) Ils ont décidé que les étudiants obtiendraient automatiquement une note de 16 sur 20 dans la plupart des matières, à l’exception des travaux « liés directement ou indirectement au projet individuel », tels que les mémoires de licence ou de master, ou les rapports de stage. Les enseignants assurent, sans plus de détail, que « ces modalités exceptionnelles ne sauraient dévaloriser le diplôme ».
Une logique identique a prévalu au département de philosophie, qui dépend de la même UFR (unité de formation et de recherche) : les enseignants ont prévu de donner la moyenne d’office au second semestre (…)
Les décisions prises par les professeurs de certains départements, tels que le cinéma et la philosophie, ont cependant fait monter au créneau Danielle Tartakowsky, la présidente de l’université, pour qui il n’est pas question d’attribuer des « notes planchers » ou des « notes universelles ». « Je ne validerai pas des notes qui seraient attribuées d’office, a expliqué la présidente au Monde (…) On ne rend pas service à des étudiants en leur délivrant un morceau de papier qui ne correspond pas au contrôle des connaissances. Ils se trouveraient dévalorisés par un diplôme dont on dira qu’ils l’ont gagné dans une pochette-surprise. » (…)
Dans d’autres universités très mobilisées contre la loi travail, telles que Rennes-II, Jean-Jaurès de Toulouse (ex-Le Mirail) ou Lille-I, les étudiants ont demandé, sans succès, la validation automatique du semestre.
http://www.lemonde.fr/campus/article/2016/05/23/apres-la-mobilisation-contre-la-loi-travail-le-casse-tete-de-la-notation-des-etudiants_4924413_4401467.html#xMZAAlp4piP5mrDx.99