Libération : Les pedopsychiatres de Seine Saint Denis en détresse
Les parents du 93 dénoncent régulièrement le manque d’aide et de structures pour les enfants qui ont besoin d’un accueil et accompagnement adapté à leurs besoins. Il semble que malgré les promesses la situation ne s’améliore pas, elle empire. Ici les pedopsychiatres dénoncent l’abandon du département et de ces familles en grande détresse. Bill
Voilà des enfants qui ont simplement du mal avec la vie, certains décrochent dès la maternelle, d’autres piétinent dans leur contact avec les autres, d’autres encore se replient ou s’agitent trop […] qui vivent en Seine-Saint-Denis, ce département le plus peuplé et le plus précaire de France, situé au nord de Paris. Ceux qui s’occupent d’eux ont décidé de s’arrêter[…]
Dans les beaux quartiers, il y a toujours le secteur privé qui peut prendre le relais. Dans le périmètre qui couvre Saint-Ouen, Saint-Denis et Pierrefitte, il n’y a aucune échappatoire. «Quand une école nous appelle pour nous demander un rendez-vous pour un enfant qui ne va pas bien, c’est au minimum neuf mois d’attente, et plutôt un an», explique Marie Cousein, psychologue. «[…] Et en plus, cela empire, des postes sont supprimés.» Hier, lundi, toute la pédopsychiatrie du secteur de Saint-Denis s’est arrêtée. En grève 24 heures «pour interpeller les autorités sur les effets dévastateurs des conditions de travail du secteur de pédopsychiatrie pour ses enfants et leurs familles».
[…] Il y a deux ans s’étaient déjà tenus des états généraux de la pédopsychiatrie en Seine-Saint-Denis, déclarée en état d’urgence, et des promesses avaient été faites. L’Agence régionale de santé d’Ile-de-France avait répété que combattre les inégalités de santé était la priorité. Dans les faits, cela n’a pas été franchement le cas, en tout cas en pédopsychiatrie. Des exemples ? Ce secteur de Saint-Denis a créé un jardin d’enfants thérapeutique, où plusieurs soignants s’occupent d’un petit nombre de bambins en difficulté de sociabilisation. La psychologue en charge de ce jardin est en congé maternité et ne sera pas remplacée. «Que fait-on ? On ferme», lâche une infirmière. Plus grave encore, des enfants avec de lourds troubles sont pris en charge par demi-journée dans un centre ; plusieurs psychologues, épuisés, sont partis, remplacés par deux CDD. Elles viennent d’apprendre que leur contrat s’arrête à la fin de la semaine. «Ces enfants autistes vont devoir rester chez eux, tout le temps. Et lorsque l’on connaît les difficultés familiales…»
[…] ce sont 400 familles renvoyées en détresse avant que les structures de soins ne puissent les accueillir et les écouter. […] Dans ce département, le taux de natalité a augmenté de 30% en trois ans, alimentant une demande croissante, de plus en lourde, avec la précarité extrême de la population. […]«Les troubles qui s’enkystent sont susceptibles d’aggraver le retard dans les apprentissages scolaires et de rendre le lien aux autres de plus en plus délétère. Pour les parents, c’est un sentiment de rejet et d’abandon par notre institution massif.[…]»
Voilà. Le secteur de Seine-Saint-Denis a décidé de porter plainte pour «discrimination territoriale».[…]
Eric FAVEREAU
Ce sont aussi les instituteurs qui doivent compenser. En maternelle, on voit des enfants qui ont clairement besoin d’aide mais la prise en charge est souvent longue à venir. En attendant, ce sont les instits qui font de leur mieux pour gérer leur classe et ces élèves aux besoins particuliers. En plus, le manque de place d’accueil en structure adaptée fait que certains enfants restent en maternelle en attendant enfin le sésame pour un accompagnement adapté qui leur permettra de grandir et de s’épanouir, quel soulagement et quelle joie pour les familles quand ce jour arrive s’il arrive jamais…
La France n’est déjà pas très en avance sur ce sujet mais notre département est comme d’habitude en dessous de la moyenne… Les familles ont peu d’interlocuteurs et encore moins de solutions. De quoi ajouter une bonne dose de difficultés pour les familles dans des situations qui peuvent parfois mettre les relations de couple à rude épreuve et fragiliser un peu plus les enfants.
Les commentaires sur l’article original (Libé) sont intéressants. Quand j’en dis le dixième ici, on me fait passer au mieux pour un pessimiste. Vous ne seriez pas un peu angéliques ici ?
Le JSD : Service pédopsychiatre de Delafontaine en grève pour dénoncer le dépouillement du service au détriment des malades et familles…