Nostalgie du vide-ordure

Le tri ! Trions ! Triez ! Depuis quelques semaines les médias français ont découvert l’Écologie, la valorisation des déchets, les dégâts du plastique. Oui c’est leur dernier os à ronger.
Et ça marche ! Ça marche au point que, tenez-vous bien, la Ville de Saint-Denis a installé, il y a quelques jours, un container de récupération des papiers et cartons. Oui oui c’est vrai, vous pouvez l’admirer à côté de l’Église Neuve — Saint-Denys-de-l’Estrée de son petit nom — et il est beau le container, il vaut le déplacement. Je l’ai découvert hier soir en rentrant après trois semaines d’absence. Je l’ai caressé d’un regard admiratif, j’ai traversé la rue et suis rentré chez moi.
Là, par une des fenêtres arrière de mon appartement j’ai retrouvé Saint-Denis, le vrai Saint-Denis, celui d’avant le tri des déchets. Le Saint-Denis du vide-ordures.
Vous avez connu le vide-ordures ? C’est un peu démodé… Eh oui ça n’engage pas à trier. Moi j’ai découvert l’utilisation du vide-ordures en 1999, quand je suis arrivé à Saint-Denis dans le bel immeuble du 3 boulevard de la Libération, face au pont de l’Ile-Saint-Denis. C’était pratique, mais rapidement il n’a plus fallu s’en servir. Dommage.
Quand j’ai déménagé pour me rapprocher du centre-ville, il y a une dizaine d’années, je suis arrivé dans un immeuble non-équipé de vide-ordures.
L’immeuble voisin, côté rue de la Charronerie, n’est pas équipé non plus. Il n’est pas équipé mais… Oui il y a un mais. L’habitant du dernier étage, un type astucieux s’il en est, s’en est inventé un et ça fait dix ans qu’il fonctionne. Il ouvre son Vélux® (marque déposée!) et balance ses ordures sur le toit. Et là, c’est trié, le premier tri est effectué par les pigeons qui se disputent ce qui est comestible, parfois une demi-baguette, le vent ensuite éparpille les éléments les plus légers, les grosses pluies se chargent des finitions. La gouttière n’entre pas dans la filière, elle est obstruée depuis des années. Lorsque les restes arrivent au sol… Je ne sais pas ce qui se passe, je ne vois pas de ma fenêtre. Je suppose que les rats, nous en avons pas mal, se chargent d’une partie du nettoyage.
Hier soir, en rentrant j’ai ouvert les fenêtres pour aérer, j’ai balayé mon paysage familier d’un regard attendri. Le voisin avait fait un grand tri.
Ça fait du bien de rentrer chez soi.
rh
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@rh – Vous écrivez bien, et même très bien !
Vous devriez constituer un recueil de « nouvelles » sur la ville. Je suis certain que vous trouverez un éditeur pour vous publier …
Et si vous mettez en oeuvre le projet … n’oubliez pas que c’est Mourad qui vous a soufflé l’idée !
Merci beaucoup, mais vous êtes un optimiste, trouver un éditeur n’est pas chose facile. J’en sais quelque chose.
Rémi
Le tourisme est toujours à la recherche d’idées nouvelles pour proposer des circuits qui donnent aux visiteurs la sensation de participer à une aventure « en terre inconnue ».
Pourquoi ne pas proposer une découverte qui donnerait le frisson à ceux et celles qui voudraient bien s’aventurer dans les rues de notre bonne ville pour faire le circuit-découverte de « La grande exposition d’ordures »? On pourra y contempler ses poubelles débordantes, ses détritus qui jonchent le sol, ses corbeilles qui contiennent tout et n’importe quoi…
Cette visite serait à recommander particulièrement après les marchés du vendredi et du dimanche. De même que des précautions nécessaires seraient à recommander aux » Indiana Jones » du bitume dionysien avec un équipement minimum requis : chaussures fermées, pince-narines pour éviter les fortes odeurs d’urine, etc….
Ces visiteurs auront certainement la chance d’apercevoir la faune des rongeurs: beaux rats gras et nombreux mais aussi celles des singes hurleurs ,ils pourront aussi découvrir le marché aux herbes..
Gageons que cette promenade un rien exotique renforcera la notoriété de notre ville !
Ça me rappelle mes voisins du dessus quand j’habitais Rue des Ursulines !
Longtemps je me suis couché à pas d’heure. Parfois à peine la lumière éteinte, dès que mes yeux se fermaient, je les rouvrais, énervé par les cris de la rue. Enfin épuisé et plein de lassitude dans un demi sommeil je ne cessais de me faire des réflexions sur les bruits qui venaient dont je ne pouvais m’abstraire. J’étais libre d’écouter ou non, mais aussitôt un cri, je recouvrais la vue et j’étais bien étonné de trouver autour de moi un vacarme en pleine obscurité pourtant douce et reposante pour mes yeux, mais des pétarades, mon esprit ne pouvait s’en abstraire, à qui elles apparaissaient comme une chose sans cause, incompréhensible, comme une chose vraiment obscure. Je me demandais quelle heure il pouvait être; j’entendais le sifflement des trains qui, plus ou moins éloigné, comme le chant d’un oiseau dans une forêt, relevant les distances, me décrivait l’étendue de la zone insécure où le voyageur se hâte vers la station prochaine tout en rasant les murs; et le petit chemin qu’il suit va être gravé dans son souvenir par l’excitation qu’il doit à des lieux malfamés, à des actes singuliers, aux cris entendus et aux attroupements sous la lampe étrangère qui le suivent encore dans le silence de la nuit, à la terreur prochaine du retour.
Lisant avec désinvolture le texte de Rémi ; car ce jour là mon oisiveté me laissait libre de butiner de-ci delà divers sites internet ; je reconnu soudain un mien ami, un frère en écologie appliquée, un compagnon en esthétique du déchet, un protecteur de la vie sauvage.
Jadis en effet, j’ai demeuré en ces lieux insolites dans lesquels l’imprévu frôle l’insoupçonné qui en ces contrées plonge ses racines à des profondeurs surprenantes. Ma sidération était quotidienne et mon corps lentement perdait toute vitalité car mes nuits m’en portaient que le nom. Aussi quand je lu RH, à l’instant même où mes yeux découvraient ses mots, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un déplaisir malicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère la haine, en me remplissant d’une essence vilaine: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle avait été moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante douleur? Je sentais qu’elle était liée aux images évoquées par le texte, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. Certes, ce qui palpite ainsi au fond de moi, ce doit être le souvenir visuel, qui, lié à ce relent, tente de le suivre jusqu’à moi. Mais le souvenir est trop loin, je sais que je le sens trop confusément; à peine si je perçois le reflet neutre où se confond l’insaisissable tourbillon des déchets remués. L’odeur et le relent restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à patienter, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.
Aujourd’hui je suis loin et mon corps reconstruit par des nuits étoilées et suaves se souvient. Ah RH, que ta madeleine fut plaisante !
je rougis, merci.
Rémi
Cela va être difficile de ne pas complexer après les contributions de Rémi et de Zobry!
Dorénavant. je ferai valider ma prose par mon épouse avant insertion.
Tri naturel :
Les rats, les moineaux et le chat.
Sous les ponts de Paris
Coule la Seine à ce qu’on dit.
Sous les ponts de Saint Denis
Les égouts coulent aussi.
Beaucoup de ces tuyaux
Des petits ou des gros
Sont les vastes demeures
De tribus de rongeurs.
Chaque famille possède son territoire
Ses chambres, ses jardins, ses couloirs
Et bien qu’étant cousins
La guerre y est constante à propos du terrain.
Une tribu logeait près d’un vaste talus
Profitant et de l’eau et de ses détritus.
Manger il y avait
Boire ! autant que de vouloir !
Un paradis pour rats !!!
Les rats dorment le jour et travaillent la nuit
Appréciant de ce fait qu’il n’y a pas de bruit.
Sur ce même talus, tout au bord du chenal, poussaient quelques feuillus
Une famille de moineaux trouva le coin fort beau
Il y avait des branches, il y avait de l’eau
Des pucerons, des larves, chenilles et vermisseaux
Et, surprise ! des déchets en surplus.
Moineaux dorment la nuit et piaillent durant le jour
Appréciant de ce fait qu’il n’y a rien autour.
La famille de moineaux profitait de ce coin
S’empiffrait, piaillait, picorait, bref n’arrêtait point
Mais gardait malgré tout un œil sur le coin
Car qui possède beaucoup
Fait de nombreux jaloux.
Toutes ces activités étaient fort bruyantes
Et la situation des rats devint plus que stressante.
Mais les rats, au contraire firent semblant
D’accepter les nouveaux occupants.
Moineaux continuèrent à piailler, à gueuler
Et les rats commencèrent …….leurs œufs aller voler.
L’ambiance se dégradait :
Chez les rats le sommeil manquait
Chez les moineaux l’inquiétude montait.
Pourtant ni l’irrespect ni l’incivilité
Côté rats comme côté moineaux
Ne suffisait à les faire décamper.
Aucun ne voulait renoncer à tant de facilités,
Ni les uns ni les autres !
Chacun d’eux préférait une vie étriquée
Plutôt que travailler et respecter les autres.
Moineaux et rats se battent de plus en plus
S’invectivent et s’insultent, ne se supportent plus
Tant et si bien que tout ce bruit
Fait de jour comme de nuit
Fini par attirer un chat dans le bosquet.
Oh là là ! se dit le gros minet
J’ai vraiment de la veine
Des moineaux ! Des rats ! à attraper sans peine :
Le jour : fricassée de moineaux
La nuit : rôtis de surmulots……….
Quelques semaines plus tard
Les rats étaient partis
Et les oiseaux aussi.
D’un côté comme de l’autre, aucune décision
D’un côté comme de l’autre, aucune réflexion
La panique seule provoqua le départ
Et le matou savait, qu’en attendant un peu
Que rats comme moineaux reviendraient d’ici peu !
Beaucoup s’affranchissent des civilités
Ils n’ont que faire des autres en termes de respect
Seul facilité et profit guident leurs activités
Et quelque soit leur classe, quelque soi le niveau !
Merci pour cette fable à la « de La Fontaine » 🙂 Ca fait du bien parfois de prendre un peu de hauteur et de poésie !
Un grand bravo aux mères de famille qui ont pris l’ initiative , depuis plus d’ un mois , de former une chaîne humaine devant le groupe scolaire Hugo-Balzac-L’Hermitage pour bien montrer aux dealers qui occupent le quartier et qui ont investi ce groupe scolaire qu’ ils doivent cesser d’ y faire leur » business » .
Ce serait bien que les pères de famille se joignent à elles ainsi que le maximum d’ habitants du quartier.
Le temps est venu de réagir et de repousser ce flot envahissant et hurleur de petits trafiquants ainsi que leurs clients.
Pour ma part , je me joindrai à cette initiative qui devrait en susciter bien d’autres de même nature , sereines et pacifiques, mais déterminées .
Ra-vi !
Je suis ravi et surtout rassuré. En effet avec ces fortes canicules que nous avons enduré j’étais inquiet. J’étais inquiet pour l’ « élevage de chiffons sur toiture » de mon voisin. Et bien non les fortes chaleurs n’ont pas fait péricliter son cheptel, bien au contraire. Rentré cette nuit, j’ai pu , au lever du jour, contempler un magnifique point de vue. La batterie de mon appareil photo était hélas à plat, je n’ai pas pu immortaliser le rai orangé du premier soleil sur la toiture. Tant pis. Que Saint-Denis est une belle ville…
Rémi
Aie aie aie…
Les fortes canicules que nous avons enduréES. Et oui, avec l’auxiliaire avoir le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le complément d’objet direct si celui-ci est placé avant !!!! J’ai l’air malin.
Je relirai avant d’envoyer, je relirai avant d’envoyer, je relirai avant d’envoyer…
Promis je le fais cent fois
Rémi