Quelques statistiques récentes sur la pauvreté à Saint-Denis
Il n’est pas facile de se faire une idée des revenus des ménages. L’INSEE ne peut s’appuyer que sur les revenus déclarés des ménages au fisc. Cependant on peut considérer que, sauf cas extrêmes, ses enquêtes sont un bon reflet de la réalité. L’autre limite est que ce n’est que la pauvreté monétaire qui est ici prise en compte. Or la pauvreté a aussi des dimensions culturelles (illetrisme par exemple), résidentielles (qualité du logement et du quartier habité) ou environnementale (pollution, bruit). Mais ces dimensions de la pauvreté recoupent souvent la pauvreté monétaire présentée ici.
La source de ces données statistiques est l’Enquête nationale « Revenus Pauvreté » INSEE de juin 2015. Elle s’appuie sur les revenus fiscaux des ménages et prend en compte 37 000 ménages fiscaux (soit environ 101 000 personnes) à Saint-Denis.
Pour estimer le taux de pauvreté, il faut d’abord calculer la médiane du revenu disponible des ménages par unité de consommation. La médiane est le revenu qui partage en deux la population des ménages (50% au-dessus et 50% au-dessous). Mais la composition des ménages est très diverse. On va donc ramener le revenu de chaque ménage à une « unité de consommation » pour faire des comparaisons valables. On va donc diviser le revenu du ménage par le nombre des unités de consommation ou UC qui le composent (1 adulte vaut 1 UC, 1 adulte supplémentaire vaut 0,5 UC et 1 enfant de moins de 14 ans vaut 0,3 UC : par exemple un couple avec deux enfants vaut 2,1 UC).
Ainsi à Saint-Denis la médiane du revenu disponible par UC est 14 386 euros par an (soit environ 1200 euros par mois). Elle est de 16 609 pour la Seine-Saint-Denis et 19 785 pour la France métropolitaine.
Le taux de pauvreté est la part de la population vivant dans des ménages dont le revenu disponible par UC est inférieur à la moitié, donc 50%, du revenu médian. Dans les statistiques européennes et de plus en plus souvent en France, on retient le seuil de pauvreté à 60% du revenu médian et non 50% comme ici.
A Saint-Denis, le taux de pauvreté est de 35,4 %. Il est de 26,9% pour la Seine-Saint-Denis et 14,3% pour la France métropolitaine. Il y a donc 21 points d’écarts entre le taux de pauvreté à Saint-Denis et celui de toute la France métropolitaine. On peut constater logiquement que dans ce revenu disponible la part des prestations sociales est nettement plus élevée : 12% du revenu disponible à Saint-Denis, 8,5 % en Seine-Saint-Denis et 5% dans la France entière.
Enfin, on peut ajouter que 10% des ménages à Saint-Denis ont un revenu par UC inférieur à 7 151 euros par an (soit environ 596 euros mensuels par UC). C’est 8030 euros en Seine-Saint-Denis et 10 503 euros en France. A l’autre bout, 10% des ménages à Saint-Denis ont un revenu par UC supérieur à 27 666 euros par an (soit environ 2 305 euros mensuels par UC). C’est 32 204 euros en Seine-Saint-Denis et 37 236 euros en France.
suger
Merci Suger pour cette synthèse INSEE. Et bravo pour m’avoir fait comprendre le salaire median et les Unité de Consommation.
Je ne suis malheureusement pas surprise par le nombre de foyers sous le seuil de pauvreté mais il est toujours effarant de voir l’écart de 21 points avec le reste de la France… Par contre, les 10 % les plus riches ont aussi 10 000 € de moins par an que le reste de la France, la politique anti classe moyenne / supérieure est donc efficace. Toujours ça de moins pour les impôts et la mixité.
ces statistiques me rappellent qu’il Ya quelques années une collègue infirmière comme moi habitant Montmorency dans le Val d’Oise m’a dit » toi a saint Denis avec ton salaire et le fait que tu paies des impôts sur le revenu tu es considérée comme riche,moi par contre dans ma commune je suis considérée comme pauvre ». Bien sur ce n’est qu’une image mais effectivement ça reflète que la classe moyenne n’est pas reconnue de la même manière suivant l’endroit où l’on vit. Je précise aussi que je gagnais un peu plus qu’elle puisque j’étais en fin de carrière.Goldo
@Goldo
C’est vrai qu’en fonction d’où on vit, le niveau de salaire aura des conséquences. A St Denis, un couple où les 2 membres travaillent et perçoivent un salaire va automatiquement se retrouver dans les riches, payer plein pot les prestations municipales et devra accepter de ne pas être prioritaire.
Ce même couple avec mêmes salaires part vivre dans un quartier chic de Paris, il va se retrouver dans « les pauvres » du quartier et bénéficiera des services et tarifs réservés à cette catégorie. (Bien sûr ensuite cela dépend de la politique de la ville, cela ne veut pas dire obligatoirement que les riches à St Denis payent plus la cantine par exemple que les pauvres d’un quartier chic…).
AH ,mais ,grâce à SUGER et ses explications , je viens de me rendre compte que je fais ,
moi-aussi , partie de la CLASSE MOYENNE SUPERIEURE ,bien qu’à la RETRAITE !
Comme quoi , on peut faire partie de cette classe et s’être trouvé bien à SAINT DENIS depuis
bientôt ( le 13 Octobre ! ) . Comme quoi ,on peut fréquenter ce site ,sans être TOUJOURS D’ACCORD avec les intervenants !
Chouet ! Merci SUGER !
Claudine SAUR POSPIECH .
Intéressante émission sur France Inter ce 8 septembre (de 10h à 11h) sur l’aménagement urbain d’Ivry-sur-Seine, la ville « rouge » du sud parisien, et la « gentrification »… Interviewé, le maire communiste d’Ivry proclame sa volonté de faire venir les couches moyennes car, je cite, il y voit un apport de « sang neuf » pour sa ville ! Les sociologues intervenants sont plus réticents, sinon critiques, mais reconnaissent quand même l’intérêt de la mixité sociale.
Alors, j’ai tout compris : Braouezec n’a jamais été un maire, même rouge vif. C »est en fait un mauvais étudiant en sociologie qui n’a pas appris sa leçon jusqu’au bout ou qui a eu de mauvais professeurs. Quant à Paillard, son successeur à St-Denis, ce n’est ni l’un ni l’autre…
Un sociologue dont j’ai oublié le nom explique dans un essai sur la ghettoïsation que chaque catégorie sociale cherchant à s’élever, ou en tous cas sa descendance, en essayant d’évoluer vers la catégorie sociale supérieure, la mixité sociale partout où elle a été essayée, a du mal à réussir à moyenne ou longue échéance; ce qui tend à faire se développer des ghettos de riches et des ghettos de pauvres.
En ce qui concerne nos élus, je pense sans être trop médisante que leur idéologie sert idéalement leurs intérêts.
@Gabriella : Le plus souvent ce qu’on appelle un ghetto de riches ou de pauvres est un quartier, ou une petite commune, de quelques milliers d’habitants. Ici, à Saint-Denis, nous sommes dans une ville de près de 110 000 habitants…, où la municipalité depuis une vingtaine d’années a systématiquement découragé la venue des couches moyennes et s’est donc opposé à la mixité sociale pour construire un « ghetto » de pauvres (par intérêt politicien) ! L’immense majorité des villes en France, surtout de la taille de Saint-Denis, sont socialement mixtes.
D’autre part, si on admet la thèse que chaque couche sociale espère évoluer vers la couche sociale supérieure, il y a la réalité du marché immobilier (loyer, prix du m2). D’où la présence dans de nombreuses villes et quartiers de catégories sociales diverses. C’est d’ailleurs ce qui inquiètent tant certains car cela peut prendre la forme dans les quartiers (ou les villes) historiquement défavorisés d’un afflux de couches moyennes, la fameuse « gentrification ».
Ces nouveaux venus sont souvent plus actifs dans la vie sociale et politique locale et gênent les pouvoirs locaux en place. D’où deux positions : soit une politique de refus, de forteresse assiégée comme à Saint-Denis, soit, au contraire, une volonté d’ouverture à ce « sang neuf »et d’accompagnement de ce mouvement inéluctable sur le moyen terme (en petite couronne parisienne notamment) comme le maire communiste d’Ivry.
La ghettoïsation est organisée par les offices HLM de deux façons :
1) Les offices HLM veulent couvrir le plus possible leurs loyers par les APL en cas d’impayés.
Donc plus tu touches d’APL (car les revenus sont bas), plus on te proposera un logement au loyer faible donc dans un quartier « pourri ».
Mais chut, il ne faut surtout pas le dire…
2) Les offices HLM ne contraignent pas vraiment les demandeurs à accepter les logements proposés sous peine de retour au début de la liste d’attente, donc les plus en détresse acceptent ce dont ils ont BESOIN alors que ceux qui sont dans une situation plus confortable laissent couler en attendant d’avoir ce dont ils ont ENVIE. Alors que c’est bien en les contraignant qu’on obtiendrait cette mixité sociale tant louée.
Merci Suger pour votre analyse
Le gouvernement actuel a annoncé que les préfets devraient veiller à l’application des quotas de 25% de logements sociaux (Loi SRU) , espérons que cela permettra une plus grande mixité sociale.
Dans la Région Parisienne par exemple : Neuilly sur seine, Boulogne sur seine…. Paris 7iéme ont un quota de 0 % de logements sociaux.
@Gabriella : Espérons pour ces communes !… Mais si ce plancher est nécessaire, je me demande si un plafond ne devrait pas être aussi mis en place avec, par exemple, un maximum de 40% de logements sociaux de type HLM. Ceci d’autant plus qu’il y a aussi un parc locatif privé qui est, de fait, social (car il peut exister un plafonnement des loyers comme dans le cadre de la Loi Pinel). L’objectif serait ainsi de lutter contre « l’apartheid social » et pour plus de mixité sociale sur tout le territoire.
je ne pense pas que ce soit le logement social qui soit le problème. Je fais partie de la classe moyenne et je suis en logement dit social, bailleur privé. C’est que dans ces logements maintenant on n’y trouve plus beaucoup de mixité, on a tendance a regrouper toute la misère dans ces logements(loi Dallo).
Bonjour à tous et merci pour ces éléments statistiques
Ce qui serait intéressant pour compléter l’analyse serait d’avoir une idée de l’évolution dans le temps de la prévalence de la pauvreté, par exemple sur 10 ans, pour savoir si la pauvreté augmente ou diminue à St-Denis.
Egalement, il serait utile de comparer avec les communes avoisinantes (Villeneuve, St Ouen, Paris 19e, la Courneuve, Epinay) plutôt qu’aux moyennes nationales et départementales. Je soupçonne en effet que le taux de pauvreté n’est pas très différent entre toutes ces villes, alors qu’on observe une grande diversité en termes d’efficacité des pouvoirs publics.
Je m’y mettrais bien quand ma thèse me laissera un instant de libre 😉
@Klemm : Difficile de faire une comparaison dans le temps car c’est la première enquête de ce type (par communes) de l’INSEE.
Si l’on compare avec les communes voisines, on constate que le taux de pauvreté à Saint-Denis (35,4%) est quasiment identique à Pierrefitte, Stains ou Bobigny, mais il est supérieur (40% environ) à Aubervilliers, La Courneuve et surtout à Clichy-sous-Bois. Par contre, il est inférieur à l’Ile-Saint-Denis (33,2%), Villetaneuse (32,3%) et surtout à Epinay (30,(%). Il est encore plus faible à Saint-Ouen (29%) et nettement moins encore dans les 18ème, 19ème et 20ème arrondissement de Paris (entre 22 et 25%)
En cinq jours le JSD m’a censuré trois fois (un record).
Lés élus communistes ne veulent pas d’intellectuels dans la ville de Saint-Denis car ceux-là réfléchissent et contestent l’ordre social.
Espérons que beaucoup d’intellectuels syriens et irakiens arrivent en France.
Il est fort probable que le Parti Communiste Français s’oppose à l’accueil des syriens et des irakiens dans notre ville. Leur niveau d’éducation est élevé. Pour garder le pouvoir municipal le PCF a besoin d’habitants sans éducation.
@citoyen93200 : Je ne suis pas persuadé que les « intellectuels » soient nécessairement plus actifs face aux malheurs de notre ville et à la politique de la municipalité, qui en est largement responsable. C’est d’autant plus dommage car ils auraient, comme vous le signalez, les moyens de réfléchir et de contester l’ordre établi.
Mais combien d’entre eux sont dépendants de la municipalité pour l’attribution d’un logement social, « haut de gamme » de préférence, d’un local pour leurs activités associatives ou artistiques, de subventions, de commandes publiques, d’emplois municipaux, même précaires, pour eux-mêmes ou leurs enfants, de dérogations pour les inscriptions en crèches ou en écoles élémentaires, etc…?
Il faut des dissidents, des résistants bien accrochés (n’est-ce-pas sam ou goldo ?…) pour s’opposer à la municipalité. En un mot, il faut être indépendant ! C’est heureusement le cas pour un nombre croissant de dionysiens, « intellectuels » ou non, qui n’attendent plus rien de la municipalité ni pour la ville ni pour eux-mêmes. Le clan au pouvoir essaye toujours de s’assurer d’une clientèle mais il a de plus en plus de mal. Et cela nous coûte de plus en plus cher en dépenses publiques locales…
Mais combien d’entre eux sont dépendants de la municipalité pour l’attribution d’un logement social, « haut de gamme » de préférence, d’un local pour leurs activités associatives ou artistiques, de subventions, de commandes publiques, d’emplois municipaux, même précaires, pour eux-mêmes ou leurs enfants, de dérogations pour les inscriptions en crèches ou en écoles élémentaires, etc…?
Suger doit certainement viser en gros, environ et a peu près les 9 000 électeurs(rices ) qui jugent bon jusqu’à ce jour de verrouiller la Ville de Saint-Denis au profit de DidierPaillard / Braouezec et consorts.
Moi je suis responsable d une association d utilite publique a saint denis.une association qui permet de recevoir des personnes en souffrance psyc hique ou en isolation soc iale.nous demandons un local depuis des annees en vain
Nous beneficions de quelques subventions.ceci dit jene melange pas tout.moi je n ai au un interet dans cette assciation.ce sont les personnes pour qui elle exist quelle sert.moi si je nai plus de subventions pour la faire exister,ce n est pas moi qui en souffrira mais les personnes qui frequentent cette structure.on ne m achete pas et quand je suis en dessaccord avec la mairie,ils le savent.goldo.
Le Parisien fait une courte synthèse des inégalités sociales en idf :
Un taux de pauvreté de 27 % en Seine-Saint-Denis – Louis Moulin | 12 Sept. 2015
Des riches concentrés à l’ouest de Paris et dans sa proche banlieue, des populations pauvres dans l’est de la première couronne, une classe moyenne pavillonnaire en grande banlieue. Voilà l’image qu’on se fait généralement des écarts de niveaux de vie en Ile-de-France.
Un tableau à gros traits, forcément caricatural. Tout le contraire du dernier rapport régional de l’Insee sur les inégalités, qui ferait plutôt dans le pointillisme. « C’est la première fois qu’on descend au niveau communal, et plus simplement au niveau départemental », confirme Corinne Martinez, chargée d’étude à l’Insee. En croisant depuis 2012 des données fiscales et d’autres issues des organismes de prestations sociales, l’institut bénéficie d’une vue plus fine sur le revenu disponible des ménages franciliens. Et en tire des enseignements.
[…] Avec la moitié des ménages disposant de plus de 22 200 € par an, l’Ile-de-France est la région la plus riche de l’Hexagone. Mais elle compte aussi les départements avec le plus haut et le plus faible taux de pauvreté de France : 27 % en Seine-Saint-Denis contre 9 % dans les Yvelines.
[…] Ce sont dans deux autres départements, Paris et les Hauts-de-Seine, que les inégalités entre les plus pauvres et les plus riches sont les plus criantes. Dans le 92, les 10 % les plus riches gagnent cinq fois plus que les 10 % les plus pauvres. Un rapport qui s’élève même à 6,7 à Paris.[…]
En Seine-Saint-Denis et dans le sud du Val-de-Marne, les riches sont loin d’être aussi aisés que dans l’ouest de la région. Pour autant, leur niveau de vie est quatre fois supérieur à celui des plus pauvres. Si ces territoires sont en moyenne moins favorisés, les inégalités y demeurent fortes.
[…] Plus on s’éloigne du centre de l’agglomération parisienne, moins les inégalités sont grandes. Le rapport entre les plus riches et les plus pauvres s’y rapproche de la moyenne nationale (3,5). Si des différences existent bien entre les communes, leur peuplement est beaucoup plus homogène.
En grande couronne, ce sont souvent des lotissements pavillonnaires assez récents et aux habitants socialement bien plus proches que dans le centre, où l’offre de logements est plus variée et où se confrontent des classes sociales parfois très éloignées.
Selon les chiffres de l’INSEE en 2012, St Denis, 1ère ville de France de plus de 100 000 habitants en % d’immigrés, classement complet et méthodes ici.
Une précision utile, je crois : un immigré, selon la définition de l’INSEE, est une personne résidant en France né à l’étranger et ayant une nationalité étrangère à sa naissance. Elle peut avoir conservé sa nationalité étrangère ou avoir acquis (par naturalisation ou par mariage) la nationalité française. Donc, on peut être français et immigré.
Bien évidemment, une personne née en France de parents étrangers n’est pas considéré comme étant immigré (même si elle a conservé la nationalité de ses parents à sa majorité et donc on peut être de nationalité étrangère sans être un immigré).
Les statistiques de l’INSEE ont leurs limites, celles des méthodes du recensement qui repose sur des enquêtes faites à domicile et que doivent remplir personnellement les ménages recensés. Ainsi l’article de « L’internaute » prend le cas de la ville de Calais : « Calais est la ville qui compte administrativement le moins d’immigrés. Et on peut ici parler d’ironie du sort : alors que la cité nordiste est plongée dans la crise des migrants et voit stationner chaque année des milliers de personnes en partance pour l’Angleterre, elle ne compte officiellement que 2,34 % d’immigrés. Un chiffre qui rappelle une réalité cruelle : l’immigration concerne aussi une foule de clandestins et de sans–papiers vivant en France dans des conditions très précaires et qui ne sont pas comptés dans les statistiques. »
A Saint-Denis, il faut donc ajouter au 39 681 immigrés recensés, les nombreux immigrés clandestins (ou « sans-papiers ») qui y vivent.